LA STRUCTURE EN QUINCONCE DITE AUSSI 4+1

Deux interprétations sont avancées pour expliquer ce motif.
La première est une recherche de repérage du temps et de l’espace.
Pendant longtemps, les hommes n’ont eu ni carte, ni montre, ni calendrier.
Comment se repérer dans ce temps qui passe ? Quand semer ? Quand transhumer ?
Le premier point de repère est la course du soleil qui détermine dans une année des jours courts et des jours longs. L’élément central du tapis représente le soleil, les deux éléments du haut représente les positions du soleil au solstice d’hiver : le soleil se lève tard et effectue un petit cercle dans le ciel.
Au solstice d’été, représenté par les éléments du bas du tapis, le soleil se lève tôt, très à l’est et effectue une grande course pour se coucher très à l’Ouest.
A partir du moment où on repère deux éléments constants de l’année, on peut commencer à répondre aux questions posées.
Le repérage des solstices donne en même temps la direction principale sud-Nord, de laquelle on déduit l’autre direction est-ouest.

L’élément du centre du tapis est à la fois le soleil et la rose des vents, croix primitive qui donne les points cardinaux, indispensables à qui ne veut pas se perdre dans les étendues immenses.

La seconde interprétation de ce motif en 4 plus 1 renvoie à une peur archaïque des premiers hommes, peur que le ciel leur tombe sur la tête (qui n’a pas eu peur, sous un orage en pleine nature ?), ou bien que le soleil ne se lève pas le lendemain. Il faut se souvenir que jusqu’à la fin du moyen âge, la méconnaissance de l’astronomie engendrait des peurs paniques phénoménales au moment des éclipses de soleil.

Le bouddhisme, au premier siècle de notre ère a répondu a cette peur ; Pour lui, La terre étant carré et plate (car sans connaître la pesanteur, il était impensable que des hommes puissent vivre de l’autre côté de la terre sans tomber dans le vide), le ciel est une demi sphère qui couvre ce carré.
Quand les hommes lèvent la tête, la nuit, ils perçoivent très bien la fixité de l’étoile polaire, autour de laquelle tournent les étoiles. Et tout ceci est d’une étonnante régularité. 

Alors que sur la terre les événements ne semblent pas répondre à une organisation précise, par contre, le ciel a longtemps figuré un espace exemplaire, de régularité, de prédictibilité. D’où l’importance donnée à l’étude de l’astronomie, qui s’est conjugué en même temps avec un développement de l’astrologie : on demandait aux astres de commander ce qui se passe sur terre.

Le roi Charles V, au XIVe siècle, avait encore 5 astrologues à sa cour chargés de lui dire ce qu’il pouvait faire et ne pas faire chaque jour du mois.
Et d’ailleurs encore aujourd’hui, qui ne lit pas son horoscope, en jurant ses grands dieux qu’il n’y croit pas.
Pour le bouddhisme de cette époque, le ciel est fixé à la terre par un axe du monde qui rejoint donc l’étoile polaire et par 4 autres axes aux quatre coins de la terre.

Ainsi était conjurée cette peur ancestrale, et ainsi était signifié, sur les tapis cette assurance, cette réassurance qui pouvait alors se transmettre, de génération en génération, que demain serait encore un autre jour comme aujourd’hui.

Certains tapis à médaillon, médaillon dont le motif est très postérieur au motif en 4 1, comportent des écoinçons qui correspondent à un quart du médaillon. (L'écoinçon du bas à gauche correspond au quart du médaillon en haut et à droite et ainsi de suite pour chacun des quatre écoinçons).
Cette structure du médaillon reprend celle du 4 1.

 

Le motif en 4 1, très antérieur à l'Islam a été repris sans difficulté par celui-ci, rappelant alors les cinq piliers de l'Islam, comme on peut le voir sur ce kilim
On retrouve là le symbole du dôme représentant la voûte céleste.
Le prophète Mahomet, élevé au ciel, décrit le dôme comme une « coupole de nacre blanche reposant sur quatre piliers ».
La coupole est l’esprit universel enveloppant le monde, les piliers sont les angles du cube cosmique, ses composantes animiques et corporelles.